UN MASQUE DE PLUIE
Droit devant je courais, le cœur glacé d'effroi,
Vers un autre avenir, vers d'autres paysages.
Laissant mon désespoir sur de sombres rivages,
Je compris que la Mort ne voulait point de moi.
Je me perdis alors, au mépris de ma foi,
Dans d'obscurs paradis, d'illusoires mirages.
Du plaisir, maintenant, je n'ai que des images;
À nouveau je suis seul et je ne sais pourquoi.
Banni par le soleil, chassé par la tempête,
Je marche dans la nuit, furtif comme une bête,
Mais je bénis le ciel qui me mouille sans fin :
Nul besoin de cacher ces gouttes que j'essuie,
Personne ne pourra soupçonner mon chagrin
Car on n'a jamais vu de larmes sous la pluie.
GASTON Hervé