31 Rencontres avec "Le labyrinthe"

 

Anick BAULARD

 

Se perdre,
un chemin flâne,
se hasarde,
ose une route.
Rêve de bitume,
de ligne droite,
de quatre voies.
La ronde des âmes,
se fonde,
ose un doute.
Pensée de plume,
de règle droite
de quatre lois.
Un destin plane,
se lézarde,
ose une déroute …

Gontran BEAUDEQUIN


 

LE LABYRINTHE

DANS LE LABYRINTHE du temps,
des souvenirs de l'inconscience
qui se dévoilent au présent
dans la quiétude du silence.

DANS LE LABYRINTHE des mots,
quelques amants se sont perdus
pour une parole de trop
que l'Homme ne rattrape plus.

DANS LE LABYRINTHE du cœur,
des sentiments qui se bousculent
à la recherche d'un bonheur
aux paragraphes sans virgule.

DANS LE LABYRINTHE du monde
raisonnent les pas de la vie
où l'heure mange les secondes
jusqu'à la porte de sortie.

Nadyne BERTHON-DÉLICE


 

LE MINOTAURE

Il sillonne mes corridors
monstrueux Minotaure,
les sinuosités de mon cerveau anguleux,
ses chemins flexueux.
Il ne peut sortir, cogne aux murs, ouvre des portes
s'entortille aux pattes filandreuses
de mes pensées cloportes.
Il explore les crevasses,
palpe les carcasses
a toutes les audaces, une curiosité coriace.
Il prend vite ses virages, zigzague,
me fait de mauvaises blagues
et, à travers ce dédale,
joue inélégamment de la cymbale !

Oh ! ma tête ! labyrinthe inextricable
dans lequel vit ce mal mystérieux qui m'accable…

Carine BLEDNIAK


 

PAYSAGE POÉTIQUE

De Tournai à Montagny
en passant par la Picardie
pas de labyrinthe,
l'ami la route est rectiligne
comme un i
bordée de nids
de poètes de minuit
et de belles de nuit.

Bernadette BODSON


 

DÉTOURS

Je sais que tu m'attends
là-bas au bout du quai.
Comment viendrai-je à toi ?
Je ne suis pas pressée.
Après mille détours
d'amour, de joie, de peine,
après avoir heurté des fins
de chemins creux,
j'ai pensé, quelquefois,
raccourcir les distances,
comme ça, un instant,
C'est sûr, maintenant
de toi je me rapproche,
mais je vais louvoyer
encore quelque temps…

Enfin, si tu me le permets !…

Ghislaine BRICOUT


 

Je veux dire les hésitations que je suis.
Je veux craindre la complexité qui me suit,
Cette poussée impitoyable
cette hésitation mémorable
qui me fait trébucher
qui fait mon unité.

Vous qui m'entrevoyez
de vos regards discrets,
détournez votre soin.
Vous ne comprendrez point :
je me dérobe et feinte,
je suis un labyrinthe.

Muriel BRIEU

µ

 

Je me suis faite fontaine
Tu n'avais pas soif.
Je me suis abandonnée au vent
pour que tu me croies ville.
Quand j'étais aéroport
tu voguais sur les mers.

Je me suis faite tempête et lumière
tu es resté à la fenêtre, tu as fermé les yeux.
Je suis devenue rivière pour tes ricochets
sable doré pour tes promenades.
Ce jour-là
tu escaladais les montagnes.

Alors,
je serai douce pluie
pour les fleurs de ton jardin.

Lisa CARDUCCI


 

LE LABYRINTHE

Les allers vont sans revenir
en cent détours et mêmes traits.
Les retours, eux, plus faux que vrais
n'en reviennent pas de partir.

L'espace se fige et se déplace
dans l'illusion de ce qu'on croit.
Les pas s'égarent dans des voies
où l'on s'abuse jusqu'à plus trace.

Le chemin croît à l'infini
méandre plein d'imaginaire
longu
e spirale de mystères
il s'éloigne de la sortie.

Gérard CASANO



L'HABIT ÉREINTE

J'habite un labyrinthe
ça m'éreinte, ça m'éreinte
du soir au matin à moins que
ce ne soit du matin au soir.
De gauche à droite
à moins que ce ne soit de droite à gauche
De long en large à moins que
ce ne soit de large en long.
En travers, à l'endroit comme à l'envers
j'erre, je déambule je m'égare,
perdue esseulée dans le méandre de mes pensées
dans le réseau de mes idées.

Tissage de passages, voies sans issues,
au pied du mur je retourne sur mes pas,
je tâtonne, je piétine, je recule,
j'avance.

Bénédicte CORETTE



ISOLEMENT

Pas de barreau,
de serrure,
pas de porte,
pas de mur, de clôture,
l'homme était pourtant seul,
prisonnier,
égaré au tréfonds de ses pensées.
Dédale mental,
labyrinthe
sans issue ?

Serge COUTAREL


PERSÉVÉRANCE

Allez donc savoir
comment l'homme arrive à voir
l'ombre d'une empreinte
par laquelle il croit pouvoir
sortir de ce labyrinthe.

Diane DESCOTEAUX



Il est un noir profond où la lumière hésite
puis s'avance craintive alimentant mes vers,
tentant de conquérir l'obscur de l'Univers,
noir d'encre réfractaire à la moindre visite.

L' infiniment petit si près par la distance
et pourtant si lointain défiant la raison ;
et l 'infiniment grand qui n'a pas d'horizon
m'écrasant tous les deux d'une occulte présence.

Poète, mon ami, sur la terre en exil…
inlassable, levant les yeux, cherchant le fil
ou baissant le regard, tu découvres l'impasse.

Oh ! jamais de ton corps tu ne peux t'affranchir
tu sais qu'autour de toi tout le monde trépasse,
mais ton cœur invaincu persiste à réfléchir.

Abderrahmane EL GORFTE



LABYRINTHE

Un ticket jaune, un ticket vert
une lumière rouge, une porte fermée,
dans les couloirs du R.E.R.
j'ai envie de me laisser tomber.
Je t'en supplie, aide moi mon frère,
ma peine est trop lourde à porter.
J'arrive ce jour de Somalie,
ce serait là ton paradis ?

Josiane FÉVRILLIEZ




LABYRINTHE

La rampe court de chaque côté de l'escalier,
l'escalier court de la cave jusqu'au grenier,
le grenier court après les souvenirs,
mes souvenirs courent autour de l'enfance,
l'enfance après je ne sais quel nuage
qui s'en va courir après la rivière.

La rivière court de plaine en mer,
la mer court autour de la terre,
la terre court autour du soleil, le soleil
court le long de la rampe.

Et moi je cours aussi.
Certains vous diront
que je tourne en rond.

Mais je courrai toujours
d'une marche à l'autre de l'escalier
qui court de la cave au grenier …

Jean-Michel FEY



Ô jardin mystérieux de la vie
Je sais où tu commences,
j'ignore où tu finis.
J'aurais beau parcourir
tous les jardins du monde,
goûter à leurs plaisirs
y apaiser ma faim,
m'égarer en suivant
des chemins incertains,
en fin de ton tracé
est mon dernier matin.
Labyrinthe …
Ô jardin mystérieux de ma vie.

Marguerite GODEFROY


L'ART IGNÉ

L'épeire a tissé sa toile en un labyrinthe ;
le centre est là, sur son dos, signé d'une croix.
Tant d'égarés ont connu sa mortelle étreinte ;
celui qui parvient au centre est couronné roi.

Jean-Michel GUILLAUMOND



AU FIL DE SES ENVIES

Il n'est de labyrinthe
sans labyrinthophile.
Il en connaît les feintes
et joue au plus subtil.

Il a bien du mérite
car la claustrophobie
guette le néophyte
dans ce genr' de hobby.

Explorateur fébrile,
il découvre la vie
au gré de ses envies.

Mais refusant le fil
qu'Ariane un jour tendit,
parfois, il s'étourdit.

Brigitte JOLIBOIS



LES LABYRINTHES DU LENDEMAIN

La nuit dessine des oiseaux de chagrin
sur les murs du printemps.

Les allées de papier
à cette heure, désertées,
résonnent de mots perdus
qui pleurent en silence
à l'ombre des encres séchées.

Un poème à naître frémit
dans le berceau du vent.

Bientôt des arcs de lumière martèleront
les rêves en bataille
et sous les paupières closes
les cœurs à nu tisseront
les labyrinthes du lendemain.

Martine LERAY



Labyrinthe où faire les mille pas
où s'engouffrer dans les pourquois
d'où partir pour y finir.
Labyrinthe
le regard a visité les recoins puis s'en est revenu
labyrinthement sans réponse, sans raison.
Je suis un labyrinthe emmêlé de contraires
dépourvu, désorienté, étourdi, maladif, épileptique.
Je suis un tracé non établi, ma course est à reculons
dans mes débâcles d'idées rompues.
L'ordinaire affiche fermé un moment
et je retombe à la case mourir.
J'avance encore pourtant dedans mon nulle part pour rien
tête baissée dans mon destin.

Karl LETOURNEAU



LE LABYRINTHE VÉGÉTAL

Joyeux petits gamins, nous étions quelques uns
à nous promener tôt le matin
parmi de longues tiges de céréales
nous offrant cent mille dédales.

Nous allions main dans la main
sans être vraiment certains
de ne pas rencontrer un lutin blond ou brun

Dans cette cavale infernale
nous attendions l'instant crucial.

Brigitte LOFFLER



Dans l'enchevêtrement des jours gris,
dans le labyrinthe des regards
et des mots tricotés trop serrés,
j'enfile en un long fil d'Ariane
l'endroit et l'envers de mes errances
et le nom que je pourrais avoir
peut-être.

Dans une langue nouvelle encore
je dessine à vie et poing levés
ce chemin d'ombre et de lumière
cet espace sacré où renaître
au carrefour opaque des mondes.

Tel Dédale, lourd de tant de deuils,
marcher les ailes tout écartées
et imaginer Sisyphe heureux.

Angèle LUX



NOS VIES LABYRINTHIQUES

Nous aurions pu attendre que les feuilles de septembre
brunissent à nouveau le bord des chemins
pour s'enivrer des prémices de l'automne dans l'air du matin
lorsque la nature se teinte d'ambre.

Nous aurions pu surprendre les dernières hirondelles
se perdre dans les brumes lointaines
et regarder l'horizon par delà les plaines
sans nous soucier de nos années les plus belles.

Nous aurions pu suspendre le temps et nous reposer
à l'ombre de nos souvenirs et de nos étreintes
mais dans nos vies de labyrinthe
nous ne faisons que nous croiser.

Maéli


Si j'habitais ….. dans un labyrinthe
je chercherais une idée pour entrer,
un trou pour me poser,
une chaise pour me reposer,
un chemin pour me perdre
et un soleil pour m'éclairer ! ! !

Aurélye PERRETTE


A SON SEUIL

Je n'ai à son seuil
ni résignation ni arrogance.
Je ne me soumets ni ne tance
cette peur qui tremble
mon corps mis en branle
par cette appétence
qui me tire à l'intérieur.
Je n'ai à son seuil
que le vertige d'elle…
ce labyrinthe.

Emmanuel PIERRET



LABYRINTHE

C'est moi. Ne cherchez plus,
attendez que je me cache, ne bougez plus !
Je me suis faufilé sous votre nez, retournez-vous,
non, pas complètement, de trois-quarts,
voilà, m'avez-vous vu ?
Je vous ai frôlé, vous m'avez perçu,
je suis l'esprit du labyrinthe qui court à bride abattue,
dans les couloirs du métro,
j'ai l'âme pourfendue, le trouillomètre à zéro,
et la sueur perle dans mon dos.
Comment vous dire ? je vivais repu, ivre de solitude,
mais quelqu'un s'est engagé dans mes allées, j'ai détalé.
Maintenant, je suis celui qui doute,
qui hésite et qui se trompe,
que voulez-vous, moi aussi !
Depuis je cherche après la vie.

Paul PRINTEMPS-AUSSANT



UNE LARME

La vieille dame a une larme
qui lui coule sur le visage.
Perdue dans un labyrinthe
de rires et de plaintes.

Chaque ride, des joues au menton
trace un dédale d'émotions.
La perle d'eau s'aventure,
fil d'Ariane, enluminure.

Larme qui devient caresse
et la vieille dame accepte
sur ses lèvres un goût salé.
C'est son cœur qui a chanté.

Marie-Hélène RAGNIER



LE LABYRINTHE DE LA PENSÉE

Dans les méandres de la nuit
lorsque le cœur égaré ne s'arrête plus de battre
à vouloir la chaleur d'une main restée tendue
lorsque l'esprit ne trouve plus l'apaisement
à écouter les pleurs d'une porte mal fermée
lorsque le sommeil n'apporte plus l'espace suffisant
pour imposer au corps une paix intérieure
il reste des silences à vivre
révélant leurs secrets à ceux qui ont choisi de suivre
une autre route dans le labyrinthe de la pensée
où le temps dévolu à leur part d'ombre
s'inscrit dans le savoir attendre
un jour lointain, une prochaine année
à découvrir
comme un trésor caché à deux pas de leurs rêves.

Paul REYTER



DÉDALE

Le temps me dépasse,
la fatigue m'engourdit ;
pourtant, la page lumineuse semblait accueillante.

J'ai posé ma main
tracé quelques mots,
mais la feuille virginale se voulait envoûtante.

Quand, de mon esprit fécond,
au galop, mes vers accourent,
les phrases se mêlent, se croisent, luxuriantes.

Comment pourrais-je en sortir,
quitter ce dédale,
égaré dans ma passion dévorante.


Oui, j'étouffe, mais j'existe,
pour combien de temps encore ?
Mon histoire se perd et j'écris, dans l'attente…

Dominique ZEDET



LABYRINTHE

Vieux labyrinthe à qui je dois le jour
pour avoir suivi tout au fond de la terre
le feu de mon amour,
n'avais-je pas, en entrant, peur
de ton étreinte ?
Quand tes bras m'entourent,
quand j'en deviens le cœur,
doucement je t'implore
pour qu'au bout de ma plainte,
en détours, en méandres,
monte une joie profonde.
Vieux labyrinthe, dis-moi que du secret
la vie jaillit toujours
et que sur le mur gris, posées jour
après jour refleuriront, liées en chair, scellées en terre,
les vieilles roses de notre amour.

Agnès ZETTELMEIER



Vérité crue
ou rêve récurrent ?
Je ne sais plus.
Je marche.
Mes pas écrasent du silence.
La nuit se cache,
rampe contre les murs qui m'enserrent.
Je dois sortir.
La porte est close sur ailleurs et puis derrière
une autre porte, un autre ailleurs
fait d'espoirs, de désirs,
dix autres portes
et les mêmes ailleurs.
J'ai peur.
Peur que le fil ne se rompe avant la fin du rêve
avant la dernière porte
celle qui s'ouvrira sur le grand miroir
où je serai enfin sans peur, sans haine
face aux faiblesses et à la force
face à moi-même et m'acceptant ainsi
et puis….
jeter les clés.

Chris VERLON (hors concours)


haut de page