30 Rencontres avec "L'IVRESSE"


LE POÈTE IVRE

Entre mes doigts
gravite une couleur,
pourpre fragrant.

Je connais certaines vagues,
des plages lointaines
et des grillons la nuit.

Chaque coupe
encre un peu plus
d’invisibles empreintes
sur des sables magiques,
un parfum d’océan...

Dieux de la Terre,
Ouvrez la Réponse
avant que n’effleure,
verre obscur,
le fond de la bouteille.

Gustavo  AMORIN-FULLE

 


 

SLAM DE MER EN SEIZE VERS
(et seize secondes pour le dire)

Seize vers, seize secondes…
faudrait être soûl, faudrait être fou mais je suis sobre
sobre à la barre comme un homme à la mer
ai largué les amarres, je barre pas de travers.
Le roulis qui tangue, harangue, laisse exsangue…
Ô mon mât de misaine, ma misère, ma migraine
Je suis sobre et ma rengaine, hein…
Sens mon haleine : elle est clean, est-ce clair ?
J’suis pas fou je te dis, je suis pas soûl, je suis seul : Pas pareil !
J’entends les voix des sirènes, le cliquetis de leurs chaînes,
Viens ma reine, j’t’emmène. N’aie pas peur.
T’emmène loin des hommes et des phares de couleur,
loin des rades aux épaves et des mares amères.
Elle est pour nous, la prochaine vague !
Allez, encore un vers…
Plongeons tous les deux, ma bouteille à la mer.

Isabel ASÚNSOLO


MON DÉSALTER EGO

 

Au nectar dentelé

 qui me pigmente l’âme

et consume les veines

tes saveurs anisées

régissent mon royaume

d’ivresse

et me font entrevoir

infinie éternelle

la beauté éthérée

qui s’offense cachée

au son des gouttes d’eau

 

Laurence AUDIGUIER



VOILA LE « HIC » !

 

Seize vers, seize verres, c’est trop peu ou c’est trop ;

Pour me griser de mots la mesure est trop juste,

Pour m’enivrer de vin il ne m’en faut pas tant !

 

Seize verres, seize vers, c’est trop ou c’est trop peu ;

Pour un faux nirvana la dose est bien trop forte,

Mais pour un vrai délire les mots vont me manquer…

 

Seize vers, seize verres, est-ce bien la mesure

Pour scander un poème, pour sombrer dans l’oubli ?

 

Seize verres, seize vers…où se trouve l’ivresse ?

Au fond de la bouteille.. de vin ? ou d’encre bleue ?

 

Anick BAULARD


DÉlivrance

 

Seul, un innocent élargi,

passés les sombres barreaux, vibre.

Lui seul sait l'indicible ivresse,

l'ivresse de la liberté.

 

Pierre BERNARD



E
lle avait un jupon de dentelle

En voyelles,

Un corset de cretonne

En consonnes,

Les lèvres en accent circonflexe,

Le regard en interrogation,

La poitrine en suspension,

La mèche blonde en virgule.

 

Il a saisi les lettres et la ponctuation,

Pris ses lèvres, frôlé sa poitrine,

Relevé la mèche pour répondre à son regard,

Mis sa nudité en pointillé……

 

Tous deux ont plongé à corps perdu,

Dans l’ivresse des mots

En se soûlant d’amour !……

 

Ghislaine BRICOUT



Q
uelle ivresse que vivre !

Il n’y a point assez de mots,

pour conter ce plaisir,

Acceptez-moi telle que je suis,

je vous aime tels que vous êtes,

car c’est là, je le crie,

que se trouve la seule recette,

de l’ivresse et du bonheur,

de l’ivresse et de la vie !

 

Emeline BURGAUD



Un vers Ça va…

On m’accuse ici bas, de bien des abus. Mais,
Je soulage pourtant de toutes les souffrances.
A chaque désespoir, j’offre mon allégeance,
Baume miraculeux, je panse mille plaies.

Goûtant ma compagnie, le lâche disparaît,
Et fait place au gaillard, plein d’audace et vaillance.
Le timide d’un coup, gonflé d’exubérance,
Débite des propos dignes d’un Rabelais.

Ainsi parlait l’ivresse, imbue de sa personne,
Combien furent dupés, abusés, j’en frissonne.
Même nos chers enfants ne sont pas à l’abri.

Lugubre malemort, quand est venu le soir,
Sur une triste route elle achève leur fête.
Ne jamais l’écouter évite les déboires.

                   14… BONJOUR LES DEGATS !

 

Claude CABEDOCE




L’IVRESSE

 

Un bateau dérivant,

emporté par la brise

et bercé par les vagues,

vogue sans capitaine

vers la rive inconnue où le sable est docile.

                                    Si le voyage est doux,

                                    il arrive parfois

                                    que l’accostage soit

                                    un brin plus délicat !


Ludovic CHAPTAL



Évidence

 

Il buvait tellement de blanc,

qu'il devint complètement noir.

Le blanc et le noir se mêlant,

il fut aussi, gris, chaque soir.

 

Serge Coutarel



LE BISTRO DES RÊVES BRISES

 

Au bistro des rêves brisés,

viennent à l’abri des risées

se réfugier les marginaux.

 

Flemmards, infortunés, trimeurs

cocus, menteurs, paumés, frimeurs,

fous, exploités et moralistes

bluffent la vie, changent de peau.

 

Buvez héros ! Trinquez artistes !

Payez nababs ! Enivrez-vous !

Du vin et de l’homme nouveau,

Ne manquez pas le rendez-vous !

 

Grand bien vous fasse, pauvres hères,

d’oublier vos peurs, vos misères,

en choisissant de vous griser

au bistro des rêves brisés !

 

Pierre DAUCHIN



marée basse dans la tête
haute mer dans l'estomac
mon cœur imite le claquement des voiles
torturées par un vent violent
je roule et je tangue
sur un océan de bruits lointains
je suis le capitaine et mon navire fait naufrage
il s'écrase sur la faiblesse de mon esprit
demain je ramasserai les débris
sur le sable fuyant de mes souvenirs


S.M. de MAN


Vivre

 

Un livre

délivre

enivre.

 

Véronique DE VOS

 

LA GUEULE DE VELOURS

 

Les paupières en désordre

sur des yeux quai des brumes.

 

Le cœur en attelage de perles.

 

J’ai sur les mains

comme une odeur de mante,

l’ossature satin,

la cambrure d’un piano,

et la peau Pompadour.

 

J’ai la gueule de velours,

l’haleine d’un masque vénitien,

deux grammes d’alcôve dans les veines.

 

Ce matin, mon amour,

j’ai la gueule de velours.

 

Hélène DUC



IVRESSE

 

Un flou brumeux dans mes pensées,

je suis sur un petit nuage

et je sens mon esprit glisser

vers de libertines images

Mais si tu perçois mon ivresse

ne pense pas que j’ai trop bu,

elle n’est due qu’à tes caresses

et au parfum de ton corps nu

 

Lucien DURAND




DU VIN !

Même si tu perçois que j’étouffe, j’enrage...
Poings crispés dans le dos et sourires en coin,
Sois heureuse, ô mon âme ! Au jour nous serons loin.
Cette nuit subissons du vin l’ultime outrage !

Ce verdict sans appel me pousse, m’encourage
A réclamer tout haut : « l’avenir j’en prends soin ! »
Ce cri de révolté, l’Histoire en est témoin,
Subjugue ma raison... provoque mon naufrage !

Adieu noir adoré ! Retiens mon souvenir !...
Cette aube tue, en moi, l’espoir du devenir ;
Son soleil assassin cruellement m’agresse,

Me jette agonisant aux griffes du réel ;
Qu’il est dur de mourir, sortir de mon ivresse !...
« Relâche ton emprise ô breuvage éternel ! »

 

Abderrahmane EL GORFTÉ




GILOU

 

Dans les rues encombrées d’un faubourg dunkerquois,

Le visage écarlate et le regard strabique,

Exhalant des rancoeurs, des parfums éthyliques,

Il profère aux passants des propos discourtois.

 

De pansus postillons expulsés en convois

Accompagnent ses cris de buveur colérique.

Il peste vivement sur la place publique

Contre le monde entier qui souvent le rudoie.

 

Il se sert d’un flacon comme d’un porte-voix

Pour clamer son malheur sur un ton volcanique.

Ses abus de boissons, lentement, l’intoxiquent.

Dans son crâne se loge un profond désarroi.

 

Emaillées à foison de hoquets, de renvois,

Ses paroles se noient dans le flot du trafic.

Esseulé, méprisant ses douleurs hépatiques,

Pour chasser son chagrin, tous les jours, Gilou boit.

 

David FOUCHER



VA !

 

Va fouler la poussière les sentiers d’exil

boire à la source la fontaine étrange

qui jamais ne tarit

 

à nos folies nos errances nos inéquations

 

à l’amour sans boiter sans chuter sans dépendance

 

va et veille la seule étoile qui vaille

dans son berceau de paupières

 

la flamme qui ne meurt pas

qui ne ment pas non plus

 

moi je cherche une ivresse

qui baigne et ne cogne pas

n’enferme pas le sang

dans une cage d’acier

 

alors je me dénude

et laisse le vent filer

 

va !

Cathy GARCIA



Or

 

Le velours d’une caresse

au réveil

L’ivresse de tes lèvres

dans la pudeur du matin nu

Me lever du pied gauche ou droit

peu importe

la journée a bien commencé.

 

 

Mathieu GONZALES



IVRESSE

 

Quelle ivresse de vivre un matin de printemps

quand le jour s’impatiente aux portes du théâtre.

Le rideau se soulève et la scène s’anime

délivrant à chacun son carnet de voyage.

 

Quelle ivresse de vivre une journée d’été

quand la terre s’emplit du parfum des moissons.

La saison bat son plein mais elle sait, mutine,

trouver un peu de temps pour le libertinage.

 

Quelle ivresse de vivre une soirée d’automne

quand le regard descend au plus profond de soi.

L’horizon s’obscurcit mais le ciel s’illumine

ouvrant comme l’album, une à une ses pages.

 

Quelle ivresse ! de vivre !

 

Joëlle GULUDEC


 

Patrouille

Trois verres

Trouille

 

Eric HELLAL


JOUISSANCE


Les courbes s'entrecroisent dans mon ivresse délirante,
des millions d'intersections s'agitent devant moi.
Mes mains tremblent, je ne peux parler.
Plus fort que toute drogue, que tout art,
les couleurs, les sons, les odeurs et les goûts se multiplient.
Des cercles, des losanges, la géométrie reprend vie.
Tous se mélangent, s'accouplent, se confondent.
Et moi, petit axe perdu au milieu de l'univers,
je crois encore diriger la manœuvre.

Xavier Le Floch


 

TRINQUONS
Aux regards-couteaux
Aux heures d’alcool perdues
A nos rêves de peau
Aux musiciens repus

Aux guerres achevées
Aux nuits de sexe divin
Aux phrases intéressées
Aux regrets pardonnés
A la suite des mots
A la ligne du temps
A la bonté de l’eau
A l’alcool et au vent.

Nadia Le ROUX


 

SOIR DE BITURE

 

Les couleurs se mélangent, tout vacille avec moi,

Je me donne le change en buvant trop pour toi.

Le rouge est dans le bleu et lui donne un baiser ;

A l'avance du gueux le vert ne veut céder.

 

Le piano s'ébranle et les murs vont partir,

Et toute la chambranle, avec moi, va mourir.

Car je mourrai ce soir, imbibé de whisky,

Et viendrai te revoir pour te dire merci.

 

Oui, je te le dirai pour m'avoir laissé là ;

Grâce à toi je pourrai me saouler plusieurs fois ;

Sans nulle autre raison que de boire pour boire,

Je ferai la moisson des liqueurs de l'espoir.

 

Johny LEJEUNE

 



L’IVRESSE

 

Jamais je ne serai

aussi ivre

que dans mes rêves.

 

Isabelle MALGAT



LE POÈTE EN VACANCES

 

Pour les journées d’hiver, froides et ténébreuses,

je vous donne cette journée de printemps

douce et lumineuse

avec son merle sur la branche,

la fleur sur sa tige.

Ni elle ni lui ne voient que je m’enivre

d’une paresse exquise

et que du temps passé à les regarder vivre,

il coulera, entre mes doigts,

de l’or pour d’autres rimes.

 

Agnès MARIN


 

LES FOURMIS DE L’ABRICOTIER

Sur le tronc de l’abricotier,
les fourmis vont au ravitaillement.

La colonne ascendante
chemine sagement,
bien dans le rang.
« Je ne veux voir qu’une seule antenne ! »
aboie le capitaine.

La colonne descendante
zigzague sinueusement,
ivre morte, en braillant :
« Ah ! nectar capiteux,
qui coule en abondance,
au soleil de Provence,
des abricots juteux. »

Monique MÉrabet




J
e tourne je vrille comme un feu d’artifice,

Tornade déchaînée par la peur de tomber,

Funambule dément juste au-dessus du gouffre,

Je cours, je suis ivre comme une toupie folle,

Pour ne pas voir la mort.

 

Apolline ODONNE


 

UNE IVRESSE AVOUÉE

 

L’ivresse grande aventureuse
Rejette les succédanés
Déteste les lieux ordonnés
Et parfois se fait ténébreuse

La saltimbanque vigoureuse
Est mue par des gestes innés
L’ivresse grande aventureuse
Rejette les succédanés

La mienne rend un peu fiévreuse
Révèle ses mots passionnés
Dans des pages aux coins cornés
D’auteurs à la verve éclaireuse
L‘ivresse grande aventureuse…

 

Lise OUELLETTE



LA ROUTE DU RHUM
 (poivrot d’abord)

M’font rigoler ces jeunes qui partent sur les flots
En vantant des conserves de boîtes d’haricots,
Moi la route du rhum j’la fais sans écriteau
Dans les bistrots du port, les bars, les caboulots.

Je bois en solitaire, pas besoin d’équipier,
Mais parfois un sponsor me paye une tournée,
Je m’offre les Antilles, Saint Domingue et Cuba
Et sans tracer ma route à l’aide d’un compas.

Mais si je reste au sec parfois je me répands,
Surtout quand les trottoirs ondulent sous la houle
Alors que les façades roulent distinctement,
Mais je franchis le cap, je me rince la goule,

Je repars vaillamment, en tirant quelques bords,
Vers le phare d’un bistrot où m’attend le magnum
De la victoire pour l’homme, qui arrive à bon port,
Qui a battu l’record de la route du rhum.

Christian PEQUEUX



CAFARD

 

Les paroles sont folles

tous les écrits me blessent.

Je veux boire à la fiole

endiguer ma tristesse.

 

Oublier qu’il est tard.

Je sais que le temps presse…

Dans mon verre un cafard

caracole sans liesse.

 

Sa patte grise est molle

ventre bouffi d’ivresse.

Qu’il se noie dans l’alcool…

Rire de sa détresse !

 

Michèle PETTAZZONI



DE TOUT MON SAOUL

Coureur invétéré,  je suis un avale-bitume.
je tiens le coup avec délice.
Chaque semaine, j’augmente la dose :
d’une traite, cul-sec, j’encaisse.

Les sorties sont impérieuses, délicieuses.
Physique et moral  en osmose,
accro aux endorphines,
j’avale les bornes - élixir de bonheur.

Courir  encore et encore,
de plus en plus souvent,
de plus en plus longtemps.
l’extase imbibe les cellules de mon corps.

Un petit dernier, pour la route : le marathon.
J’ingurgite tout en cadence mon over-dose
Pantin titubant, je m’affale à l’arrivée
l’air hagard, dans un état second.

Eric PLANQUE



Salut les assoiffÉs


Salut les assoiffés, les piliers de comptoir,
mes frères de boisson, mes compagnons de bar,
mes amis de bistrot, enfants du Beaujolais,
disciples de Bacchus, adversaires du lait.

Salut les passagers de la dernière cuite
qui, un coude sur zinc, attendez une suite
de petits vins goûteux, de liqueurs transparentes,
en prononçant des mots, des phrases chancelantes.

Salut les naufragés dont les yeux sont perdus
dans un brouillard épais, dont le cœur s’est rendu
dans un monde bancal, dans un univers mou,
une planète instable aux capricieux remous.

Salut les grands buveurs, désormais, je vous aime,
vous êtes mon reflet lorsque j’ai des problèmes,
quand le chagrin s’en vient, lorsque l’amour s’efface,
lorsque ma tendre amie me laisse vide place.

Jean-Pierre Rohken


Champagne Électoral

 

Encore, Encore, ENCORE

De la com, des médias,

De la comédia !

 

Qu’on me voit,

Qu’on m’admire

Qu’on me croit !

 

Je verse des promesses,

Je décide, je préside,

Je convoque, je révoque,

Je m’expose, je compose,

Je m’oppose, JE M’IMPOSE

Je, je, Je, JE !

Ah, l’ivresse du pouvoir !!!

     

Mais… gare à la gueule de bois !

 

Christiane SALVAUDON

 


 

Heures de la fin

Quand je te regarde et tu me regardes
t’es ivre
La bouteille est vide
sauf quelques gouttes
quelques larmes
ce qui reste de la passion
de l’amour…
Heures précieuses
un âge d’or
d’or rouge
est vide,
tout est vide,
une vraie folie

 

et
l’homme anonyme, sans visage
était [une fois] grand, élégant.

Natalie STACHON



CODE D’IVRESSE

 

Sur la route de l’ivresse,

A fond la caisse,

Tu promènes ta jeunesse…

Hardiesse !Impolitesse !

Sens interdit ? Tu congédies !

 

Au carrefour de l’ivresse,

De la sagesse,

Tu brises la forteresse…

Vitesse ! Allégresse !

Priorité ? T’as pas capté !

 

Dans l’impasse de l’ivresse,

Adieu promesses,

Sonne le glas de ta détresse…

Prouesse ! Faiblesse !

Ecart… Mais c’est trop tard !

 

Joëlle TEULAT



DESARROI

 

L’abeille sur la vitre

repue    ivre de pollen

fourvoyée

désespérément cherche la sortie

 

Hamid TIBOUCHI



BOUQUET DES SENS

 

Toile… pinceaux… couleurs

Petit à petit

la toile respire et…

suinte de gouttes multicolores

L’ivresse s’empare

de ce support…

 

Couleurs qui éclatent

tel un bon cru

dégusté en bouche

l’ivresse est proche…

 

Encore quelques taches

pour savourer ce breuvage

Grisée de peinture

je bois pour étancher ma soif

jusqu’au bouquet final…

 

Denise VITET

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