Sortir de la page
L’abandon entre les griffes Du livre des maux Sortir de la page Prendre son envol Dans celle du ciel Que ses orages lavent les plaies Que ses nuits les pansent Que ses jours les libèrent S’ébattre dans les paysages Enlacer tous les visages Fusionner avec le vent Dans sa douceur sa force ses parfums Même dans ses tornades S’évader au-dessus de la mer Se soûler avec ses vagues Et renaître
Fabienne ALLIOT ___________________________________
Le livre
Certes, tu ne manques pas de caractère! Sous une couverture chatoyante ou austère Tu invites au voyage, au bonheur solitaire.
D'une bibliothèque ou bien d'un quai de gare, Parfois doré sur tranche ou profil de loubard Chez nous, ingénument, tu échoues au hasard.
Ton géniteur nous conduira, au fil des pages, De Charybde en Scylla, vers d'étranges rivages Où l'esprit subira les plus charmants outrages.
Nous lecteurs, jamais n'avons droit au chapitre. Nous gardons cependant notre libre arbitre Lovés dans un fauteuil, l'auteur à son pupitre.
De cuisine, de chevet, de messe, tu enivres Ceux qui au fil des jours, jusqu'à plaisir s'ensuive, T'ont tenu dans leurs mains, toi qu'on nomme livre
Serge ANDERNO _______________________________________
Ils sont revenus les Wasomis
Ils sont revenus les Wasomis* Ce que j’ai lu m’a édifié Dans un cumulus rempli d’encre, J’ai découvert mon or, ma vie, ma plume !
Ils sont revenus les Wasomis Ils avaient des centaines de livres Des ventres fertiles de ces livres J’ai vu émaner l’élixir des élites Dans mon village aux arbres verdis d’analphabétisme Sur les raphias dentés d’allégresse Les toucans chantaient Victoire
Ils sont revenus les Wasomis Après des lustres aux pays des Blancs Ils avaient des centaines de livres Bientôt le fils de mon village verra le chemin de l’école Car le livre est une pépinière
Patrick BASSHAM BASHONGA *Wasomis : intellectuels en kiswahili __________________________________________
Il était une fois…
Un jeune enfant, en s’amusant, découvre dans un grenier un curieux objet tout en papier. Un vieil homme le regarde et sourit. Levant vers lui les yeux, l’enfant lui dit : Qu’est-ce donc cette chose là Papi ? Cette chose là mon petit… bien que surannée, fut un bienfait pour l’humanité. Les hommes s’en servaient pour rêver, pour apprendre et enseigner. Cette chose là mon petit… amie ou ennemie, avait le pouvoir de changer des vies. C’était un écrin où les mots allaient germer, et dont la moisson s’appelait… liberté ! Celle qui enivre, qui délivre… qui fait vivre, cette chose là mon petit… c’est un livre.
Michelle BEAUDEQUIN _________________________________________
Paresse
Fin juin, sous le préau, devant tout le quartier, Assis bien alignés, conseillers et notables Distribuaient les prix empilés sur les tables.
Le premier de la classe avançait l'air altier Vers l'élu qui louait bien fort son excellence. Moi, on m'encourageait pour ma persévérance.
J'ai toujours ces bouquins, un plein carton entier, Car chaque année, en plus, papa m’offrait un livre Que j'exposais ainsi qu'un objet tout en cuivre.
Je n'ai jamais ouvert ces Dumas, ces Gauthier. Je déplore aujourd'hui ma paresse à les lire. Imprégné d'eux, peut-être alors saurais-je écrire !
Pierre BERNARD ________________________________________
En rappel Au dessus de mon livre L’araignée
Michel BETTING ________________
Bateau-livre
Bateau-livre aux pages déployées dans leur bruissement végétal, flots d’histoires aux mille couleurs, horizons de lectrice en attente de voyages, de crique en crique, de rive en dérive, je suis ton sillage, amarres libérées.
Embarquement vers l’outre-large de tous les possibles.
Déferlante de vagues d’encre noire qui me traversent, clapotis de voix parfois disparues, tissage de la vie dans le grain du papier. Bateau-livre, au fil de tes phrases mouillées de gris ou de bleu, je tangue et bourlingue sur des eaux profondes.
Aux heures lasses, mes yeux piqués d’embruns, je navigue au tempo de la houle de tes mots, havre de la nuit sous la lumière du phare, nuit qui sera toujours trop brève pour aborder chaque monde que tu accueilles.
Brigitte BRIATTE ________________________________________________
En tournant ses pages – un délicieux feuilleté d'évasion
Claudie CARATINI __________________
panne de courant relire un livre à la bougie jusqu'au bout
André CAYREL _____________________
Un livre oublié
C'est un vieux livre oublié tout au fond d'un tiroir.
Comme un monde dépeuplé où tout s'abime avec le temps.
Sa couverture est usée, ses pages font silence.
Contre ses mots séchés, une fleur respire l'écho des rêves essoufflés.
Aux coins des feuilles jaunies se devinent encore des traces de doigts, et des gribouillis, qui cicatrisent aux marges des regrets.
Des mots qui ne s'écrivent pas se nichent dans les blancs des non-dits...
C'est un vieux livre qui s'empoussière, tel un souvenir abandonné tout au fond de ma mémoire.
Lamiae CHAALI _____________________________________________
Le livre
Au fond du vieux grenier, caché par les toiles d’araignées, un livre de prose, repose. Personne ne l’a lu, on ne l’a jamais vu. Seule une souris l’a goûté, elle ne l’a même pas aimé. Un enfant, en jouant, le découvrit. Il le prit souffla la poussière, et s’assit sous la verrière A ce moment, s’ouvrit un monde de rêveries.
Simha CHARDON ____________________________________
Mes livres d’école
L’un contait Charlemagne, un drakkar, une reine, L’audace de Danton défiant le couperet ; L’autre traçait des mers, des monts et des forêts : J’y suivais, appliqué, les boucles de la Seine.
Celui qui arborait (autant qu’il m’en souvienne) Des grains de raisin vert et un chardonneret Restait mon favori. J’y perçais le secret D’une fleur, d’une dent, du sang bleu d’une veine.
Bescherelle alignait ses cohortes de verbes. Le Bled ainsi qu’un clerc pointilleux et acerbe Disait sa litanie de règles, d’exceptions.
Assidûment juin, ce chapardeur, ce cancre, Me chipait mes trésors qu’avec compassion L’automne me rendait avec la plume et l’encre.
Daniel CUVILLIEZ ______________________________________
L'auteur a tant peiné pour t'écrire Il fallait quelque chose à dire L'exprimer avec des mots neufs Couver jusqu'à ce que se brise l'œuf Attendre qu'agisse la semence Te réécrire huit fois comme Huysmans Ou t'expulser en ces nuits de fracas Des délires hallucinés de Kafka
Et te voilà pourtant, au marché aux puces Tu ne vaux qu'un euro cinquante, pas plus Parfois même on te vend au poids On t'échange, te consulte du bout des doigts On fait de toi un livre voyageur Quand on te dérobe, est-on vraiment voleur? Mais ne pense pas être l'objet de mépris "Car ce qui ne vaut rien n'a jamais eu de prix..."
Eric DAHAN ____________________________________
livre feuilleté y chercher le meurtrier un verre à la main
Nathalie DHÉNIN __________________
Les livres de chevet
Comme je pense à vous, mes livres de chevet, Bibliothèques roses et vertes de mon enfance, L’île mystérieuse me faisait rêver, L’île aux trésors comblait mes espérances.
Vous étiez à la source de mon imaginaire Naissant en vos volumes, en vos lumières. Puis ce fut, A la recherche du temps perdu, Le temps des secrets, l’adolescence éperdue.
Il me reste de vous des soirées de lecture, Des odeurs de cuir, d’encre et du papier jauni, Des Tristes Tropiques, des fragments d’Epicure, Les Fleurs du mal, un Voyage au bout de la nuit, Cent ans de solitude, le Flaubert inachevé… Mais si, mis à l’index, subissant la censure, Les autodafés et toutes autres déchirures, Vous étiez mal, je serais à votre chevet.
Hervé DONELLI ______________________________________
Mon anthologie préférée
J’aime avoir dans les mains mon épais florilège J’adore caresser l’épaisseur de son dos. Rondels, odes, blasons sont mes eldorados Me priver du recueil serait un sacrilège !
Chaque page que j’ouvre apporte son bonheur ; Lors, j’y forge mon sang et j’y trempe mon âme Et quand j’en sens l’écho quelquefois je me pâme En bénissant la clef de ce collectionneur.
Je trouve dans ce livre un élan d’allégresse Et pendant que je lis perdure mon plaisir. Dès que j’ai un instant je m’en vais le saisir. Nul ne peut l’emprunter : je deviendrais tigresse !
Je tiens l’anthologie en paume, bien en main, Il me vient un regain, il me vient une force Excitant mon esprit tel l’éclair d’une amorce Me tenant éveillé jusques au lendemain.
Antoinette DUMAS _______________________________________
Relax
Quand je rentre chez moi, laissant dehors l’hiver, Quand la journée fut longue et pesant le travail, J’allume un feu de bois, j’enfile un vieux chandail, J’approche mon fauteuil et je me sers un verre
Mais, avant de m’asseoir, je prends sur l’étagère Le livre que je vois parmi mon attirail Et je l’ouvre au hasard sans chercher de détail Je me détends enfin, du stress je me libère.
Bien sûr, j’ai, par ailleurs, l’outil électronique, La liseuse m’offrant cent textes numériques Et je m’en sers souvent pendant mes longs voyages
Mais, ce n’est pas l’ami auprès de qui je trouve Cette sérénité, le plaisir que j’éprouve A caresser son dos et à tourner ses pages
Lucien DURAND ____________________________________________
À Mire-Livre, je joue ma lyre
Le livre ivre mire-t-il la lyre D'îlots de mots, ou d'ailes d'oiseaux ? Vertiges de plumes… Bruits de stylos, Frémissent vos cris qui vrillent nos maux.
Le livre délivre-t-il des lyres ? Délires d'abîme au creux des pages... Te livrent encore à demi-mots.
L'ivresse du mime au cœur d'image. Rien qu'un ciel blanc ; des caractères sur fond uni. Noirs Insectes doux, lettres d'envie. J'erre…
Carine FOULON ________________________________
Page après page
Passionnément, page après page, J'entre dans mon livre d'images, Comme sur un petit nuage En route pour un long voyage.
De braves guerriers merveilleux Affrontent des loups orgueilleux Pour que des dragons facétieux Retrouvent des nains malicieux.
Tigres d'Asie, singes d'Afrique Et les oiseaux des Amériques Au plumage couleur de brique Me fixent d'un regard oblique.
Après tant de joyeux tourments, Sur les genoux de ma Maman, J'écoute un poème charmant Et je m'endors tout doucement.
Jean GUALBERT ________________________________ La liseuse Sur l’herbe drue de l’alpage Sur le sable de la dune Sur la pierre du rocher Sur le fer du banc public Sur le transat du jardin Sur le pont du paquebot Sur la route des vacances Sur le tapis de la tente Sur la banquette du tramway Sur la chaise de la cuisine Sur le divan du salon Sur le sofa du boudoir Sous l’édredon de son lit Elle en lit des livres, Lili.
Marie-Noëlle HÔPITAL ____________________________________________
Ivresse livresque
Quand je plonge dans mon livre les sons chatouillent mon oreille, dérouillent mes sens, me délivrent du présent qui m’entortille.
Je m’enfonce dans les histoires, me roule dans un tapis de mots, les libère de leur écritoire et leur chair se couvre de peau.
De longs colliers noirs me cueillent, m’effleurent et me parcourent, vont me plier en mille-feuilles jusqu’au bout de la reliure.
Rêve réel ou réelle vie ? Dans ce monde accéléré où toute chose peut arriver, c’est le livre qui me lit.
Sophie JOB _________________________________
Libres
Mes livres sont partis ce matin de bonne heure ; De ma bibliothèque ils se sont envolés, De la porte d’entrée ils ont trouvé les clés ; Ils cherchaient l’aventure, une vie meilleure.
Ils en avaient assez de leur triste demeure Où ma main doucement les avait installés, Dressés sur les rayons tels des soldats zélés ; Leur soi-disant bonheur n’était certes qu’un leurre.
Bien rangés, bien classés, je les croyais heureux, Mais ils ne voulaient plus de cet ordre scabreux, Cet invisible étau qui comprimait leur âme.
Alors ils ont fugué pour connaître le ciel, Ils ont vogué longtemps en rythme sensuel, Comme danse parfois dans la nuit une flamme.
Dominique KIRCHNER ________________________________________
chant du rossignol – l'enfant le cherche parmi les feuilles d'un livre en braille
Lavana KRAY ______________________________
Le livre
Oh ! comme c’est drôle J’ai des images devant les yeux Des défis et bousculades à gogo Des questions par milliers
Oh ! comme c’est drôle J’ai des enquêtes à m’en tirer les cheveux Des rires et des sentiments à gogo Des pages à tourner
Jamais je ne sais sur quoi je vais tomber Je me laisse guider Par le choix d’une couverture Un titre à l’aventure
Tenter, tenter, laissez-vous tenter Par des feuilles et des lignes Rêvez, plongez, laissez vos pensées voler Par des mots et des signes
Rosia KWALUH _________________________________________
Quand le soir vient je ne suis jamais seule - livre sur la table de nuit
Capota Daniela LAcrAmioara __________________________
A livre ouvert
Des mots, des graines de sens, Sèment, à tout va, des douceurs… Ephémère voyage, à contre-sens, Au cœur du bonheur !
Magie infinie, dans l’imaginaire, Où les étoiles telles des papillons Sortent des pages légères Et se nichent dans nos yeux ronds.
Héros grotesques, héros fantastiques, Ou quidams, se dévoilent à nous, Donnant à la vie d’étranges masques, Pour nous faire virevolter comme des fous…
Cadeau d’enfant, trésor du passé, Souvenir d’un moment de vie, Le livre et ses images dévorées Emporte l’ennui et à jamais nous sourit…
Patricia LOUGHANI-LANCELLE ______________________________________
Voyage au fil des pages…
Tournent les pages du livre de ma vie, Rempli d’images, petits moments exquis. Histoires de fées, fables de mon enfance, Bandes dessinées de mon adolescence. Enfant j’adorais déjà, l’odeur de ton papier, Le bruissement des pages, ton encre parfumée. Livre de poche, livre objet ou sacré, Tu nous fais rire et même parfois pleurer. On t’achète au hasard, compagnon de voyage. Tes histoires, parfois drôles, ne sont pas toujours sages. Si parfois on t’oublie dans un coin, sur un banc, Tu fais toujours la joie, d’un badaud, d’un passant. Alors, je me mets à rêver aux conteurs d’autrefois, Qui de bouche à oreilles, faisaient entendre voix. Ces nomades inlassables, ces passeurs d’histoires, Poètes et troubadours, trouvères passeurs d’espoirs.
Maryse MATHON-BELLITI _________________________________________________________
Le livre de la vie
Le livre s’est ouvert aux pages de mots tendres, Que murmurait ma mère, au chevet de mes nuits ; J’en ai goûté l’amour, comme on savoure un fruit : Les années ont passé, je n’ai pas su lui rendre.
Entre le bleu de l’aube et l’or bruni du soir, J’ai vu bien des saisons pour sublimer la terre, Et les tourments d’un monde emporté par la guerre, Que la folie de l’homme accule au désespoir.
Le temps impitoyable est venu me surprendre ; Sur la dernière page, il m’invite à partir Grand sera mon regret, à mon dernier soupir De n’y voir qu’un mot Fin, s’inscrire sur mes cendres.
Jean-Pierre MICHEL _____________________________________________________
Livre de cuisine
Soif d’apprendre au fil des pages Des mots à croquer Encore « millefeuilles » à lire
Caroline MOAL ___________________________
Livres vivants
Mon peuple n’a jamais connu de livre Comme ces livres faits de papier et d’écrit Mon peuple n’a jamais su lire Des caractères entre les lignes L’écriture chez nous c’est la parole Nous l’imprimons dans la mémoire C’est cela notre livre Il ne se déchire pas Il ne brûle pas Il ne vieillit pas Nul ne peut le dérober Il se transmet de génération en génération En gardant toute sa fraîcheur Nos bibliothèques sont nos vieillards Vers eux nous allons nous abreuver De connaissances et de sagesse.
Floscel NDZANA NDZANA __________________________________________
Insolite astrologue
Je suis un astrologue aux doigts fins et perçants. Chaque page d’un livre est un grand pan de ciel, et depuis bien longtemps, juste en les caressant, je sais y déchiffrer un sens confidentiel.
Au sein de ces légers firmaments de papier, vivent sans mouvement d’innombrables étoiles ; j’aime effleurer leurs corps qui me sont familiers et tisser un récit de ce qu’ils me dévoilent.
Ces astres en relief, frêles et mystérieux, seuls de subtils index parviennent à les lire, et je n’ai nul besoin de me fier à mes yeux, eux qu’une étrange nuit ne cesse pas d’emplir.
Poèmes et romans sont des constellations de formes très variées et de diverses tailles : la lecture est pour moi l’intense exploration d’une voûte céleste inondée de points braille.
Laurent NOGATCHEWSKY ________________________________________________
En tout sens elle parcourt ma page la fourmi
Christiane OURLIAC ____________________
Les jours peuvent dormir comme un livre fermé Les nuits chevaucher l’absence et le silence
Tant que j’aurai au cœur la force des mots J’écrirai partout l’amour et le vol des abeilles
Pour que vive demain
Jean-Charles PAILLET __________________
Livre
Vous pourriez m'en mettre deux ? Pourquoi deux ? Pour faire un kilo ! Un kilo : deux livres.... hum... cela me semble juste ! Et avec çà, je vous sers quoi ? Avec çà, vous ne me servez rien : Je vais les éplucher page à page, Décortiquer leurs savoirs, leurs pensées, leurs images et leurs rêveries Sans penser à l'heure qui passe, je vais m'imbiber de leurs contenus Je vais les mélanger à mes savoirs, pensées, images et rêveries Et Par la magie d'une alchimie complexe et simple à la fois Nous n'aurons plus qu'à nous partager ensemble Ce magnifique sandwich ! Voulez-vous que je vous l'amenasse chez vous ? Non, ce kilo-là ne s'amène pas ! …. il se livre !....
Jean-Claude PELTIER ______________________________________________________
Délivrance
Quand je lis j’oublie tout et le temps et l’espace tous ces soucis rapaces les affaires qui lassent…
Sur la plage des mots l’océan bruit de pages tumultueux ou sage m’emballant dans ses flots
C’est au pied de la lettre que je cours me repaître les livres me délivrent de tous les maux de vivre
Michèle PETTAZZONI _________________________________
Cache-tampon
Un livre est entré dans ma maison Un livre habite dans ma raison et depuis je déménage, j’aménage, je cours après des mirages Je divague, je mélange les saisons, je casse tous mes crayons Sans la moindre compassion des idées passent et me narguent J’accroche des feuilles blanches, ribambelles de silence Les mots font la courte échelle aux phrases devenues rebelles Cerfs-volants dont les ficelles s’échappent à tire d’ailes Epuisé je tends les bras Ce livre jamais écrit de ma maison s’est enfui
Chantal PICAUD ___________________________________
Lire
Il s’assit sur le sol. Sur ses genoux croisés, Il le posa, rempli d’attente et de respect … Il l’avait découvert au fin fond d’un grenier Qui datait de l’époque où les humains cherchaient Dans d’étranges papiers on ne sait quels secrets… Dehors, c’était le bruit des voitures volantes, Les étincellements des affiches parlantes, Un univers peuplé d’ondes et de signaux Qui parfois l’enserraient tel un mortel étau… Assis dans le silence et la pénombre amie, Il caressa le cuir bien lisse un peu jauni, Puis, le cœur palpitant, il ouvrit vivement Le livre qui semblait, tel un puissant aimant, L’attirer dans le monde à lui seul réservé. Il se souvint alors du langage premier Et il se mit à LIRE, éperdu, extasié…
Frédérique RAMOS ____________________________________________________
Elle s’est approchée Et elle l’a ouvert, Mais les mots se sont échappés Du recueil de Prévert.
Elisa et Brest Se sont mélangés à la Peste Lorsqu’ils ont balancé Tous les ouvrages indexés.
Les phrases ont osé Placer la lettre disparue Dans l’œuvre incongrue De Perec le zélé.
Amusée et surprise, Elle a découvert que les mots, Tout comme Picasso Dessinent et séduisent.
Anne-Marie RICHIER __________________________
Toujours sur le même livre - ses vieilles mains
Valérie RIVOALLON ____________________
Le livre de sa vie
Elle tourne les pages du livre de sa vie, Gomme quelques nuages tracés au crayon gris, D'une fine arabesque, dentelle du passé, Souligne quelques mots qu'elle avait oubliés. Elle marque les pages, de saisons en saisons, Dessine un arc-en-ciel au-dessus d'un prénom, Sur le temps s'enfuyant, elle pose une cage, Emprisonnant les ailes de cet enfant vol-âge… Elle marque une pause… Un petit temps d'arrêt, Revivant un instant qui soudain disparaît, Une autre feuille tourne, dévoilant un trésor, Echappé d'un bouquet, dormait un bouton d'or… Sur ce joli chapitre, elle pose sa main, Reprendra la lecture… Lira jusqu'à la FIN!
Joséphine SICARD ________________________________________
A livre ouvert
Dans un livre d’amour on se livre à mi-mots habillant le papier en se mettant à nu.
Chaque page qui se tourne est une promesse à venir. Haletant, à bout de souffle, le point final se dessine,
Et notre sueur mêlée de larmes forme une tache indélébile.
Angélique THIAULT ___________________________________
Mon jardin est un livre ouvert
mon jardin est un livre ouvert que je déchiffre au fil des saisons dans les allées de mes poèmes
l’abécédaire des plantes vertes décline ses mystères tandis que les légumes mûrissent au soleil des mots
je cueille les roses éphémères de chacun de mes vers dans ce jardin où ma mère
avant moi lisait dans le ciel l’écriture des nuages qu’elle peignait le soir sur la nappe des jours
aujourd’hui j’écris l’âme plantée dans ce livre d’ombre et de lumière dont le terreau est ma mémoire
Françoise URBAN-MENNINGE ______________________________________
Le Banc
Je suis venue m'asseoir au jardin de poussière, Conjuguer l'impossible à la douceur du soir, Écrire les lassitudes, les tendresses éphémères Et l'indicible ennui du peu de mon histoire. J'ai tenté les parfums, les chagrins, les envies, Les mots que je savais, usés dans ma mémoire, Mêlant le temps qui file aux saisons inventées. La page est restée vide. Sur le banc des silences, la lumière a changé. Les rires des enfants ont fini de flotter. Le temps dans un frisson s'est remis à bouger Faisant danser les ombres qui dorment dans la marge. Dans ma tête tournaient des refrains obstinés La voix des solitudes. J'ai renoncé aux mots, l'écriture était vaine, Les rendez-vous manqués.
Marie-Chantal VISETTI _________________________________________
Le livre de grand-mère Sur la dernière page Un poème non fini Steliana Cristina VOICU _____________________
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