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30 Rencontres avec "Le livre "

 

Sortir de la page

 

L’abandon entre les griffes

Du livre des maux

Sortir de la page

Prendre son envol

Dans celle du ciel

Que ses orages lavent les plaies

Que ses nuits les pansent

Que ses jours les libèrent

S’ébattre dans les paysages

Enlacer tous les visages

Fusionner avec le vent

Dans sa douceur sa force ses parfums

Même dans ses tornades

S’évader au-dessus de la mer

Se soûler avec ses vagues

Et renaître

 

Fabienne ALLIOT

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Le livre

 

Certes, tu ne manques pas de caractère!

Sous une couverture chatoyante ou austère

Tu invites au voyage, au bonheur solitaire.

 

D'une bibliothèque ou bien d'un quai de gare,

Parfois doré sur tranche ou profil de loubard

Chez nous, ingénument, tu échoues au hasard.

 

Ton géniteur nous conduira, au fil des pages,

De Charybde en Scylla, vers d'étranges rivages

Où l'esprit subira les plus charmants outrages.

 

Nous lecteurs, jamais n'avons droit au chapitre.

Nous gardons cependant notre libre arbitre

Lovés dans un fauteuil, l'auteur à son pupitre.

 

De cuisine, de chevet, de messe, tu enivres

Ceux qui au fil des jours, jusqu'à plaisir s'ensuive,

T'ont tenu dans leurs mains, toi qu'on nomme livre

 

Serge ANDERNO

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Ils sont revenus les Wasomis

 

Ils sont revenus les Wasomis*

Ce que j’ai lu m’a édifié

Dans un cumulus rempli d’encre,

J’ai découvert mon or, ma vie, ma plume !

 

Ils sont revenus les Wasomis

Ils avaient des centaines de livres

Des ventres fertiles de ces livres

J’ai vu émaner l’élixir des élites

Dans mon village aux arbres verdis d’analphabétisme

Sur les raphias dentés d’allégresse

Les toucans chantaient Victoire

 

Ils sont revenus les Wasomis

Après des lustres aux pays des Blancs

Ils avaient des centaines de livres

Bientôt le fils de mon village verra le chemin de l’école

Car le livre est une pépinière

 

Patrick BASSHAM BASHONGA

*Wasomis : intellectuels en kiswahili

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Il était une fois…

 

Un jeune enfant,  en s’amusant,

découvre dans un grenier

un curieux objet tout en papier.

Un vieil homme le regarde et sourit.

Levant vers lui les yeux, l’enfant lui dit :

Qu’est-ce donc cette chose là Papi ?

Cette chose là mon petit… bien que surannée,

fut un bienfait pour l’humanité.

Les hommes s’en servaient pour rêver,

pour apprendre et enseigner.

Cette chose là mon petit… amie ou ennemie,

avait le pouvoir de changer des vies.

C’était un écrin où les mots allaient germer,

et dont  la moisson s’appelait… liberté !

Celle qui enivre, qui délivre… qui fait vivre,

cette chose là mon petit… c’est un livre.

 

Michelle BEAUDEQUIN

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Paresse

 

Fin juin, sous le préau, devant tout le quartier,

Assis bien alignés, conseillers et notables

Distribuaient les prix empilés sur les tables.

 

Le premier de la classe avançait l'air altier

Vers l'élu qui louait bien fort son excellence.

Moi, on m'encourageait pour ma persévérance.

 

J'ai toujours ces bouquins, un plein carton entier,

Car chaque année, en plus, papa m’offrait un livre

Que j'exposais ainsi qu'un objet tout en cuivre.

 

Je n'ai jamais ouvert ces Dumas, ces Gauthier.

Je déplore aujourd'hui ma paresse à les lire.

Imprégné d'eux, peut-être alors saurais-je écrire !

 

Pierre BERNARD

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En rappel

Au dessus de mon livre

L’araignée

 

Michel BETTING

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Bateau-livre

 

Bateau-livre aux pages déployées dans leur bruissement végétal,

flots d’histoires aux mille couleurs,

horizons de lectrice en attente de voyages,

de crique en crique, de rive en dérive,

je suis ton sillage, amarres libérées.

 

Embarquement vers l’outre-large de tous les possibles.

 

Déferlante de vagues d’encre noire qui me traversent,

clapotis de voix parfois disparues,

tissage de la vie dans le grain du papier.

Bateau-livre, au fil de tes phrases mouillées de gris ou de bleu,

je tangue et bourlingue sur des eaux profondes.

 

Aux heures lasses, mes yeux piqués d’embruns,

je navigue au tempo de la houle de tes mots,

havre de la nuit sous la lumière du phare,

nuit qui sera toujours trop brève

pour aborder chaque monde que tu accueilles.

 

Brigitte BRIATTE

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En tournant ses pages –

un délicieux feuilleté

d'évasion

 

Claudie CARATINI

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panne de courant

relire un livre à la bougie

jusqu'au bout

 

André CAYREL

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Un livre oublié

 

C'est un vieux livre oublié tout au fond d'un tiroir.

 

Comme un monde dépeuplé

où tout s'abime avec le temps.

 

Sa couverture est usée,

ses pages font silence.

 

Contre ses mots séchés,

une fleur respire l'écho

des rêves essoufflés.

 

Aux coins des feuilles jaunies

se devinent encore des traces de doigts,

et des gribouillis,

qui cicatrisent aux marges des regrets.

 

Des mots qui ne s'écrivent pas

se nichent  dans les blancs des non-dits...

 

C'est un vieux livre qui s'empoussière,

tel un souvenir abandonné tout au fond de ma mémoire.

 

Lamiae CHAALI

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Le livre

 

Au fond du vieux grenier,

caché par les toiles d’araignées,

un livre de prose,

repose.

Personne ne l’a lu,

on ne l’a jamais vu.

Seule une souris l’a goûté,

elle ne l’a même pas aimé.

Un enfant,

en jouant,

le découvrit.

Il le prit

souffla la poussière,

et s’assit sous la verrière

A ce moment, s’ouvrit

un monde de rêveries.

 

Simha CHARDON

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Mes livres d’école

 

L’un contait Charlemagne, un drakkar, une reine,

L’audace de Danton défiant le couperet ;

L’autre traçait des mers, des monts et des forêts :

J’y suivais, appliqué, les boucles de la Seine.

 

Celui qui arborait (autant qu’il m’en souvienne)

Des grains de raisin vert et un chardonneret

Restait mon favori. J’y perçais le secret

D’une fleur, d’une dent, du sang bleu d’une veine.

 

Bescherelle alignait ses cohortes de verbes.

Le Bled ainsi qu’un clerc pointilleux et acerbe

Disait sa litanie de règles, d’exceptions.

 

Assidûment juin, ce chapardeur, ce cancre,

Me chipait mes trésors qu’avec compassion

L’automne me rendait avec la plume et l’encre.

 

Daniel CUVILLIEZ

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L'auteur a tant peiné pour t'écrire

Il fallait quelque chose à dire

L'exprimer avec des mots neufs

Couver jusqu'à ce que se brise l'œuf

Attendre qu'agisse la semence

Te réécrire huit fois comme Huysmans

Ou t'expulser en ces nuits de fracas

Des délires hallucinés de Kafka

 

Et te voilà pourtant, au marché aux puces

Tu ne vaux qu'un euro cinquante, pas plus

Parfois même on te vend au poids

On t'échange, te consulte du bout des doigts

On fait de toi un livre voyageur

Quand on te dérobe, est-on vraiment voleur?

Mais ne pense pas être l'objet de mépris

"Car ce qui ne vaut rien n'a jamais eu de prix..."

 

Eric DAHAN

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livre feuilleté

y chercher le meurtrier

un verre à la main

 

Nathalie DHÉNIN

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Les livres de chevet

 

Comme je pense à vous, mes livres de chevet,

Bibliothèques roses et vertes de mon enfance,

L’île mystérieuse me faisait rêver,

L’île aux trésors comblait mes espérances.

 

Vous étiez à la source de mon imaginaire

Naissant en vos volumes, en vos lumières.

Puis ce fut, A la recherche du temps perdu,

Le temps des secrets, l’adolescence éperdue.

 

Il me reste de vous des soirées de lecture,

Des odeurs de cuir, d’encre et du papier jauni,

Des Tristes Tropiques, des fragments d’Epicure,

Les Fleurs du mal, un Voyage au bout de la nuit,

Cent ans de solitude, le Flaubert inachevé…

Mais si, mis à l’index, subissant la censure,

Les autodafés et toutes autres déchirures,

Vous étiez mal, je serais à votre chevet.

 

Hervé DONELLI

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Mon anthologie préférée

 

J’aime avoir dans les mains mon épais florilège

J’adore caresser l’épaisseur de son dos.

Rondels, odes, blasons sont mes eldorados

Me priver du recueil serait un sacrilège !

 

Chaque page que j’ouvre apporte son bonheur ;

Lors, j’y forge mon sang et j’y trempe mon âme

Et quand j’en sens l’écho quelquefois je me pâme

En bénissant la clef de ce collectionneur.

 

Je trouve dans ce livre un élan d’allégresse

Et pendant que je lis perdure mon plaisir.

Dès que j’ai un instant je m’en vais le saisir.

Nul ne peut l’emprunter : je deviendrais tigresse !

 

Je tiens l’anthologie en paume, bien en main,

Il me vient un regain, il me vient une force

Excitant mon esprit tel l’éclair d’une amorce

Me tenant éveillé jusques au lendemain.

 

Antoinette DUMAS

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Relax

 

Quand je rentre chez moi, laissant dehors l’hiver,

Quand la journée fut longue et pesant le travail,

J’allume un feu de bois, j’enfile un vieux chandail,

J’approche mon fauteuil et je me sers un verre

 

Mais, avant de m’asseoir, je prends sur l’étagère

Le livre que je vois parmi mon attirail

Et je l’ouvre au hasard sans chercher de détail

Je me détends enfin, du stress je me libère.

 

Bien sûr, j’ai, par ailleurs, l’outil électronique,

La liseuse m’offrant cent textes numériques

Et je m’en sers souvent pendant mes longs voyages

 

Mais, ce n’est pas l’ami auprès de qui je trouve

Cette sérénité, le plaisir que j’éprouve

A caresser son dos et à tourner ses pages

 

Lucien DURAND

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À Mire-Livre, je joue ma lyre

 

Le livre ivre mire-t-il la lyre

D'îlots de mots, ou d'ailes d'oiseaux ?

Vertiges de plumes… Bruits de stylos,

Frémissent vos cris qui vrillent nos maux.

 

Le livre délivre-t-il des lyres ?

Délires d'abîme

au creux des pages...

Te livrent encore à demi-mots.

 

L'ivresse du mime au cœur d'image.

Rien qu'un ciel blanc ; des caractères

sur fond uni. Noirs

Insectes doux, lettres d'envie.

J'erre…

 

Carine FOULON

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Page après page

 

Passionnément, page après page,

J'entre dans mon livre d'images,

Comme sur un petit nuage

En route pour un long voyage.

 

De braves guerriers merveilleux

Affrontent des loups orgueilleux

Pour que des dragons facétieux

Retrouvent des nains malicieux.

 

Tigres d'Asie, singes d'Afrique

Et les oiseaux des Amériques

Au plumage couleur de brique

Me fixent d'un regard oblique.

 

Après tant de joyeux tourments,

Sur les genoux de ma Maman,

J'écoute un poème charmant

Et je m'endors tout doucement.

 

Jean GUALBERT

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La liseuse 

Sur l’herbe drue de l’alpage

Sur le sable de la dune

Sur la pierre du rocher

Sur le fer du banc public

Sur le transat du jardin

Sur le pont du paquebot

Sur la route des vacances

Sur le tapis de la tente

Sur la banquette du tramway

Sur la chaise de la cuisine

Sur le divan du salon

Sur le sofa du boudoir

Sous l’édredon de son lit

Elle en lit des livres, Lili.

 

Marie-Noëlle HÔPITAL

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Ivresse livresque

 

Quand je plonge dans mon livre

les sons chatouillent mon oreille,

dérouillent mes sens, me délivrent

du présent qui m’entortille.

 

Je m’enfonce dans les histoires,

me roule dans un tapis de mots,

les libère de leur écritoire

et leur chair se couvre de peau.

 

De longs colliers noirs me cueillent,

m’effleurent et me parcourent,

vont me plier en mille-feuilles

jusqu’au bout de la reliure.

 

Rêve réel ou réelle vie ?

Dans ce monde accéléré

où toute chose peut arriver,

c’est le livre qui me lit.

 

Sophie JOB

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Libres

 

Mes livres sont partis ce matin de bonne heure ;

De ma bibliothèque ils se sont envolés,

De la porte d’entrée ils ont trouvé les clés ;

Ils cherchaient l’aventure, une vie meilleure.

 

Ils en  avaient assez de leur triste demeure

Où ma main doucement les avait installés,

Dressés sur les rayons tels des soldats zélés ;

Leur soi-disant bonheur n’était certes qu’un leurre.

 

Bien rangés, bien classés, je les croyais heureux,

Mais ils ne voulaient plus de cet ordre scabreux,

Cet invisible étau qui comprimait leur âme.

 

Alors ils ont fugué pour connaître le ciel,

Ils ont vogué longtemps en rythme sensuel,

Comme danse parfois dans la nuit une flamme.

 

Dominique KIRCHNER

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chant du rossignol –

l'enfant le cherche parmi les feuilles

d'un livre en braille

 

Lavana KRAY

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Le livre

 

Oh !  comme c’est drôle

J’ai des images devant les yeux

Des défis et bousculades à gogo

Des questions par milliers

 

Oh ! comme c’est drôle

J’ai des enquêtes à m’en tirer les cheveux

Des rires et des sentiments à gogo

Des pages à tourner

 

Jamais je ne sais sur quoi je vais tomber

Je me laisse guider

Par le choix d’une couverture

Un titre à l’aventure

 

Tenter, tenter, laissez-vous tenter

Par des feuilles et des lignes

Rêvez, plongez, laissez vos pensées voler

Par des mots et des signes

 

Rosia KWALUH

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Quand le soir vient 

je ne suis jamais seule -

livre sur la table de nuit

 

Capota Daniela LAcrAmioara

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A livre ouvert

 

Des mots, des graines de sens,

Sèment, à tout va, des douceurs…

Ephémère voyage, à contre-sens,

Au cœur du bonheur !

 

Magie infinie, dans l’imaginaire,

Où les étoiles telles des papillons

Sortent des pages légères

Et se nichent dans nos yeux ronds.

 

Héros grotesques, héros fantastiques,

Ou quidams, se dévoilent à nous,

Donnant à la vie d’étranges masques,

Pour nous faire virevolter comme des fous…

 

Cadeau d’enfant, trésor du passé,

Souvenir d’un moment de vie,

Le livre et ses images dévorées

Emporte l’ennui et à jamais nous sourit…

 

Patricia LOUGHANI-LANCELLE

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Voyage au fil des pages…

 

Tournent les pages du livre de ma vie,

Rempli d’images, petits moments exquis.

Histoires de fées, fables de mon enfance,

Bandes dessinées de mon adolescence.

Enfant j’adorais déjà, l’odeur de ton papier,

Le bruissement des pages, ton encre parfumée.

Livre de poche, livre objet ou sacré,

Tu nous fais rire et même parfois pleurer.

On t’achète au hasard, compagnon de voyage.

Tes histoires, parfois drôles, ne sont pas toujours sages.

Si parfois on t’oublie dans un coin, sur un banc,

Tu fais toujours la joie, d’un badaud, d’un passant.

Alors,  je me mets à rêver aux conteurs d’autrefois,

Qui de bouche à oreilles, faisaient entendre voix.

Ces nomades inlassables, ces passeurs d’histoires,

Poètes et troubadours,  trouvères passeurs d’espoirs.

 

Maryse MATHON-BELLITI

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Le livre de la vie

 

Le livre s’est ouvert aux pages de mots tendres,

Que murmurait ma mère, au chevet de mes nuits ;

J’en ai goûté l’amour, comme on savoure un fruit :

Les années ont passé, je n’ai pas su lui rendre.

 

Entre le bleu de l’aube et l’or bruni du soir,

J’ai vu bien des saisons pour sublimer la terre,

Et les tourments d’un monde emporté par la guerre,

Que la folie de l’homme accule au désespoir.

 

Le temps impitoyable est venu me surprendre ;

Sur la dernière page, il m’invite à partir

Grand sera mon regret, à mon dernier soupir

De n’y voir qu’un mot Fin, s’inscrire sur mes cendres.

 

Jean-Pierre MICHEL

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Livre de cuisine

 

Soif d’apprendre au fil des pages

Des mots à croquer

Encore « millefeuilles » à lire

 

Caroline MOAL

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Livres vivants

 

Mon peuple n’a jamais connu de livre

Comme ces livres faits de papier et d’écrit

Mon peuple n’a jamais su lire

Des caractères entre les lignes

L’écriture chez nous c’est la parole

Nous l’imprimons dans la mémoire

C’est cela notre livre

Il ne se déchire pas

Il ne brûle pas

Il ne vieillit pas

Nul ne peut le dérober

Il se transmet de génération en génération

En gardant toute sa fraîcheur

Nos bibliothèques sont nos vieillards

Vers eux nous allons nous abreuver

De connaissances et de sagesse.

 

Floscel NDZANA NDZANA  

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Insolite astrologue 

 

Je suis un astrologue aux doigts fins et perçants.

Chaque page d’un livre est un grand pan de ciel,

et depuis bien longtemps, juste en les caressant,

je sais y déchiffrer un sens confidentiel.

 

Au sein de ces légers firmaments de papier,

vivent sans mouvement d’innombrables étoiles ;

j’aime effleurer leurs corps qui me sont familiers

et tisser un récit de ce qu’ils me dévoilent.

 

Ces astres en relief, frêles et mystérieux,

seuls de subtils index parviennent à les lire,

et je n’ai nul besoin de me fier à mes yeux,

eux qu’une étrange nuit ne cesse pas d’emplir.

 

Poèmes et romans sont des constellations

de formes très variées et de diverses tailles :

la lecture est pour moi l’intense exploration

d’une voûte céleste inondée de points braille.

 

Laurent NOGATCHEWSKY

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En tout sens  

elle parcourt ma page 

la fourmi 

 

Christiane OURLIAC

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Les jours peuvent dormir

comme un livre fermé

Les nuits chevaucher

l’absence et le silence

 

Tant que j’aurai au cœur

la force des mots

J’écrirai partout l’amour

et le vol des abeilles

 

Pour que vive demain

 

Jean-Charles PAILLET

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Livre

 

Vous pourriez m'en mettre deux ?

Pourquoi deux ?

Pour faire un kilo !

Un kilo : deux livres.... hum... cela me semble juste !

Et avec çà, je vous sers quoi ?

Avec çà, vous ne me servez rien :

Je vais les éplucher page à page,

Décortiquer leurs savoirs, leurs pensées, leurs images et leurs rêveries

Sans penser à l'heure qui passe, je vais m'imbiber de leurs contenus

Je vais les mélanger à mes savoirs, pensées, images et rêveries

Et

Par la magie d'une alchimie complexe et simple à la fois

Nous n'aurons plus qu'à nous partager ensemble

Ce magnifique sandwich !

Voulez-vous que je vous l'amenasse chez vous ?

Non, ce kilo-là ne s'amène pas ! …. il se livre !....

 

Jean-Claude PELTIER

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Délivrance

 

Quand je lis j’oublie tout

et le temps et l’espace

tous ces soucis rapaces

les affaires qui lassent…

 

Sur la plage des mots

l’océan bruit de pages

tumultueux ou sage

m’emballant dans ses flots

 

C’est au pied de la lettre

que je cours me repaître

les livres me délivrent

de tous les maux de vivre 

« Et j’en sais d’immortels
Qui sont de purs sanglots »
 
Alfred de Musset 

Michèle PETTAZZONI

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Cache-tampon

 

Un livre est entré dans ma maison

Un livre habite dans ma raison

et depuis je déménage, j’aménage,

je cours après des mirages

Je divague, je mélange les saisons,

je casse tous mes crayons

Sans la moindre compassion

des idées passent et me narguent

J’accroche des feuilles blanches,

ribambelles de silence

Les mots font la courte échelle

aux phrases devenues rebelles

Cerfs-volants dont les ficelles

s’échappent à tire d’ailes

Epuisé je tends les bras

Ce livre jamais écrit de ma maison s’est enfui

 

Chantal PICAUD

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Lire

 

Il s’assit sur le sol. Sur ses genoux croisés,

Il le posa, rempli d’attente et de respect …

Il l’avait découvert au fin fond d’un grenier

Qui datait de l’époque où les humains cherchaient

Dans d’étranges papiers on ne sait quels secrets…

Dehors, c’était le bruit des voitures volantes,

Les étincellements des affiches parlantes,

Un univers peuplé d’ondes et de signaux

Qui parfois l’enserraient tel un mortel étau…

Assis dans le silence et la pénombre amie,

Il caressa le cuir bien lisse un peu jauni,

Puis, le cœur palpitant, il ouvrit vivement

Le livre qui semblait, tel un puissant aimant,

L’attirer dans le monde à lui seul réservé.

Il se souvint alors du langage premier

Et il se mit à LIRE, éperdu, extasié…

 

Frédérique RAMOS

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Elle s’est approchée

Et elle l’a ouvert,

Mais les mots se sont échappés

Du recueil de Prévert.

 

Elisa et Brest

Se sont mélangés à la Peste

Lorsqu’ils ont balancé

Tous les ouvrages indexés.

 

Les phrases ont osé

Placer la lettre disparue

Dans l’œuvre incongrue

De Perec le zélé.

 

Amusée et surprise,

Elle a découvert que les mots,

Tout comme Picasso

Dessinent et séduisent.

 

Anne-Marie RICHIER

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Toujours

sur le même livre -

ses vieilles mains

 

Valérie RIVOALLON

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Le livre de sa vie

 

Elle tourne les pages du livre de sa vie,

Gomme quelques nuages tracés au crayon gris,

D'une fine arabesque, dentelle du passé,

Souligne quelques mots qu'elle avait oubliés.

Elle marque les pages, de saisons en saisons,

Dessine un arc-en-ciel au-dessus d'un prénom,

Sur le temps s'enfuyant, elle pose une cage,

Emprisonnant les ailes de cet enfant vol-âge…

Elle marque une pause… Un petit temps d'arrêt,

Revivant un instant qui soudain disparaît,

Une autre feuille tourne, dévoilant un trésor,

Echappé d'un bouquet, dormait un bouton d'or…

Sur ce joli chapitre, elle pose sa main,

Reprendra la lecture… Lira jusqu'à la FIN!

 

Joséphine SICARD

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A livre ouvert

 

Dans un livre d’amour

on se livre à mi-mots

habillant le papier

en se mettant à nu.

 

Chaque page qui se tourne

est une promesse à venir.

Haletant, à bout de souffle,

le point final se dessine,

 

Et notre sueur mêlée de larmes

forme une tache indélébile.

 

Angélique THIAULT

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Mon jardin est un livre ouvert

 

mon jardin est un livre ouvert

que je déchiffre au fil des saisons

dans les allées de mes poèmes

 

l’abécédaire des plantes vertes

décline ses mystères tandis que les légumes

mûrissent au soleil des mots

 

je cueille les roses éphémères

de chacun de mes vers

dans ce jardin où ma mère

 

avant moi lisait dans le ciel

l’écriture des nuages qu’elle peignait le soir

sur la nappe des jours

 

aujourd’hui j’écris l’âme plantée

dans ce livre d’ombre et de lumière

dont le terreau est ma mémoire

 

Françoise URBAN-MENNINGE

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Le Banc

 

Je suis venue m'asseoir au jardin de poussière,

Conjuguer l'impossible à la douceur du soir,

Écrire les lassitudes, les tendresses éphémères

Et l'indicible ennui du peu de mon histoire.

J'ai tenté les parfums, les chagrins, les envies,

Les mots que je savais, usés dans ma mémoire,

Mêlant le temps qui file aux saisons inventées.

La page est restée vide.

Sur le banc des silences, la lumière a changé.

Les rires des enfants ont fini de flotter.

Le temps dans un frisson s'est remis à bouger

Faisant danser les ombres qui dorment dans la marge.

Dans ma tête tournaient des refrains obstinés

La voix des solitudes.

J'ai renoncé aux mots, l'écriture était vaine,

Les rendez-vous manqués.

 

Marie-Chantal VISETTI

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Le livre de grand-mère

Sur la dernière page

Un poème non fini

Steliana Cristina VOICU

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